« Si on devait faire le cumul des dizaines de mètres de neige qui tombent chaque année, normalement le mont Blanc devrait atteindre la lune, mais ce n’est pas le cas…
Au fil du temps, on se rend compte qu’il y a une vraie continuité dans la mesure de l’altitude du mont Blanc. Alors oui, il y a des variations, d’une année sur l’autre, de quelques centimètres, de quelques mètres,
mais on n’a quand même pas une variation qui peut être le témoin de quelque chose. On ne peut pas voir dans ces mesures, le signal des modifications climatiques. Le mont Blanc est important et bien sûr ça cache d’autres problèmes sur le climat mais qui ne vont pas être traduits par l’altimétrie du mont Blanc.
On est en train de discuter sur des variations qui touchent le mont Blanc, le gardien de l’Europe…
Alors le mont Blanc, lui, il rit un peu de tous les débats et de toutes les discussions sur le réchauffement climatique et il nous regarde avec sagesse. »
Jean Marc Peillex, maire de Saint-Gervais Mont-Blanc,
Conférence de presse Mesure du Mont Blanc – 29 septembre 2021
Depuis notre plus jeune âge,
Un chiffre est bien ancré dans nos têtes, le mont Blanc culmine à 4 810 mètres !
Nos instituteurs nous l’ont enseigné et c’est écrit dans nos livres de géographie… alors, c’est vrai !
4 810 mètres… dans l’imaginaire collectif, le mont Blanc apparait majestueux,
Alors on le regarde, on l’admire, on veille sur lui, on le surveille…
Jusqu’au jour où on nous dit que l’altitude du mont Blanc baisse dangereusement,
que les neiges éternelles fondent,
que les glaciers reculent,
que la mer de glace va bientôt disparaitre…
Un vent de catastrophisme climatique souffle sur le toit de l’Europe…
Un vent de panique souffle sur NOTRE sommet emblématique.
Tour à tour, on parle de réchauffement climatique, de dérèglement climatique, de changement climatique…
Et, dans la foulée, tout y passe : sécheresses intenses, pénuries d’eau, incendies, élévation du niveau de la mer, inondations, fonte des glaces polaires, tempêtes catastrophiques, déclin de la biodiversité…
Et notre 4810 qui fond comme neige au soleil …
Stop ! Prenons de la hauteur
Le mont Blanc a toujours été mesuré, avec pour chaque époque, les moyens à disposition.
Ces mesures sont devenues plus régulières et précises grâce à l’initiative lancée en 2001 par les géomètres-experts de Haute Savoie qui depuis, tous les 2 ans, font l’ascension du sommet pour en mesurer l’altitude et modéliser la calotte glacière.
Le mont Blanc est scruté, surveillé.
Ces mesures sont attendues et largement relayées.
Certes, sur 20 ans, on observe une tendance à la baisse de l’altitude du sommet… d’environ 2 mètres.
Mais peut-on pour autant tirer des conclussions radicales et relier ces variations au réchauffement climatique ?
Les géomètres-experts sont les premiers à s’élever contre cette tendance à une interprétation hâtive et pessimiste des chiffres.
Ils rappellent d’ailleurs avec justesse et humilité leur contribution dans le cadre de cette aventure scientifique : la seule collecte de données précises et fiables pour les générations futures…
Pour les générations futures…
« Nous collectons des données pour les générations futures. En se disant qu’au bout d’un siècle, nous serons peut-être contents d’avoir les évolutions en altitudes, en plans, en volumes de glace au sommet.
Nous pensons que l’horizon, c’est au minimum un siècle. »
Jean des Garets,
Président de la chambre départementale des géomètres-experts de la Haute-Savoie
L’objectif des géomètres-experts est d’apporter leurs compétences pour fournir des données fiables pour permettre aux scientifiques – glaciologues, météorologues… – d’analyser l’évolution de notre environnement sur plusieurs décennies.
Et Luc Moreau, Glaciologue à Chamonix, d’abonder dans le même sens.
« Bien sûr, on ne peut rien interpréter sur ces données à date et en dégager des conclusions sur le réchauffement climatique. Le climat varie en continu sur toute la planète, dans les déserts, les pôles, les sommets comme le mont Blanc… Seule l’étude des données et de leur évolution sur le long terme pourra nous permettre d’en tirer des conclusions. 20 ans de recul, ce n’est pas significatif. »
Du haut de ses 4 810 et quelques mètres, le mont Blanc veille sur nous
Rendons-lui la pareille, et surveillons-le avec attention et respect